La parole est une fleur
Si elle se rattache
Au coeur dont elle vient
De la terre vous pouvez
La couper, l'en extraire,
En faire des bouquets
L’arranger, modifier
Sans risque de fâner
Son essence première.
De la source, elle prend
La couleur et la forme
Et le temps la défend
Sans jamais l’enfermer
pour la regarder vivre
En toute liberté.
Il y a cette frontière innée
Que l’on appelle liberté
Ce fil tendu
Vite rompu
Au moindre souffle
Au moindre rythme
Un pas de moins
Un pas de plus
Et c’est la fibre qui défaille
Un pas de plus
Un pas de moins
L’amour chancelle
Il se réclame
L’être se perd
L’autre n’y gagne..
L’amour chancelle
Mais c’est son souffle
Qui seul limite
L’affrontement
Quand se dessinent
La voie de l’un
La voie de l’autre
Car c’est ensemble
Que pas à pas
Et en partage
Elle survivra.
Il y a la vie
Il y a l’écorce
Il y a l’homme
Et ses pleurs et ses joies
Les faux pas et les masques
Qui s’agitent et se cassent
Les erreurs, les combats
Les coups de gueule, l’effroi
La mort et puis s’en va
Les détours, les cahots
Les élans, les pas beau
La recherche constante
La lumière qui flambe
Il y a la vie
L’espérance, la foi
Les élans, et les chutes
Et l’autre pas comme soi
Les attentes et le bruit
Le vacarme, la suie
Et midi plein soleil
La nature, le vermeil
D’un fruit mûr qui tombe
Emerveillement, sans ombre
Il y a la vie
Il y a l’homme
Et il y a l’œuvre….
mai 2015
Parfois elle filtre
dans un regard,
une attitude, un geste
mieux, un discours
jeté pêle-mêle
au hasard des mots
qui tissent une conversation,
Partage des heurts
souffrance dessous
les corps se meuvent
une illusion
pour cacher ce qui risque un peu
de faire surface, sournoisement.
On la sent, on la pressent
bien tapie sous une espérance
un autre ailleurs
un voyage, un but
une autre vie, profil
elle se faufile, elle s’en balance
de ces filets jetés sur le vide
elle est là, elle se maudit
d’elle-même
mais elle vit
La désespérance.
Elle torture,
le cœur lapide
même s’il fait semblant de vibrer
elle est sourde à ses cris d’ennui
elle se calfeutre, elle se love
la désespérance.
Je l’ai vue chez toi
je l’ai vue
je l’ai sentie, pressentie
elle se cachait, je l’ai surprise
c’est un malaise dans un sourire
appuyé pour ne pas tomber
qui surgissait sans crier gare
les lèvres sèches de trop parler
le front ridé de regarder
autant, plus loin,
chasser l’amour
et elle nous laisse le trou béant
dans le cœur et les mains vides
à combler juste dans le silence
qui se fait enfin, et avide
la lumière de la délivrance…
Toutes ces pensées
que l’on emporte
dans la tombe
ces errances,
ces coups de cœur
ces questions, ces peut-être
aurait-on les réponses
quand au chevet soudain
de la mort on se couche ?
Ce parcours incessant
où le pouvoir s’étend
hermétique à l’amour
ces espoirs balancés
une corde infinie
des moments échappés
c’est la vie qui poursuit
inlassable son œuvre
et dit toujours oui.
***