M’avait-il bâillonnée
enfermée dans les mots
entre nous prodigués ?
M’avait-il enlevé
toute envie de franchir
ces couloirs indécis
du désir de passer
le courant de ces lignes ?
M‘avait-il infligé
cette peine infinie
de ne plus oser
dire ?
M’avait-il entravée
coulant à contre-flots
de l’émotion subtile
innocente prétextant
la coupure de l’absence ?
Le lien que nous tenions
si fort entre nous deux
entre mots de l’amour
ou ses déceptions
s’est-il ainsi rompu
au point de me saigner
à jamais des syllabes
en inscrivant le point
comme ultime signal ?
Suspendue dans le fond
de l'âme
à son corps disparu
à balbutier soudain
pire que les enfants
qui ne trouvent plus les mots
qui se chassent pour un temps
du paradis des sons
surprenante perdition
orage et cataclysme
des lèvres sans cesse fendues..
M’aurait-il bâillonné
Dans un soudain éclair
touchée par le tonnerre
d'une flèche blessante
m’entraînant dans la tombe
invisible prison
de cet amours perdu…