Parfois, quand je vois un(e) inconnu(e) sur un banc, j’ai envie de m’asseoir à côté et de lui raconter ma vie, ou une de ses pages, tout simplement. Je lui parlerais à bâtons rompus. Il (elle) m’écouterait et me répondrait. Il me semble que la parole, alors débarrassée de tout passé et de toute convention, redeviendrait en quelque sorte vierge, dans sa nudité première.
C'est comme un aiguillage, quand le train un peu fou bringuebale de ci de là en attendant de reprendre sa direction.Les souvenirs très présents, les sensations, les joies ne laissent pas encore place aux nouvelles. Il faut un temps, un temps pour pouvoir entrer dans une autre gare, entrer dans son nouveau présent...
C’était sa maison, le blanc puisait la lumière à l’ombre des arbres, les étoffes reflétaient les rayons du soleil, le bleu s’inspirait des couleurs du ciel, et l’âme s’y promenait sans heurt de l’aube jusqu’à la nuit.
J'étais en train de réfléchir à la nécessité d'entretenir un blog quotidiennement, suite à un récent échange, quand j'ai appris la mort du fils d'une amie. Et je me dis combien tout ceci parait dérisoire face à l'absurde qui peut frapper à tout moment. Bien sûr la vie continue dit-on, mais il faut bien avouer que face à l'universalité des sujets du monde, la personnalité est bien au centre de toutes les informations, elle et ses transformations. Comme l'arbre qui reçoit les intempéries, même s'il continue de pousser, elle en gardera les marques, indélébiles, l'écorce se modèlera, elle sera peut-être plus pâle, plus foncée, ou plus épaisse, à cet endroit précis.
On court, on échafaude, on promène ses mots, ses pensées, ses questions, et soudain l'on se heurte à la tranquillité du soir, à la paix retrouvée. Ecouter les oiseaux, ou le cri d’un crapaud, le bruit des pieds sur l’herbe, regarder une vigne. Pâle lueur du soleil derrière les courbes noires des pins qui se détachent, quelques pâquerettes éclairent la terre. Le silence nous enveloppe, lorsque les odeurs montent, si fortes que l'on pense pour toujours pouvoir s'en imprégner, et s’y laisser plonger, pour respirer à fond, le cœur de cet instant.
Faut-il confondre le savoir avec la volonté de tout savoir ?
Si le plaisir d’apprendre et la connaissance peuvent être un plaisir de l’intelligence, vouloir tout savoir sur l’autre et exiger qu’il consente à dévoiler ce que l’on a envie n’appartient pas au même mécanisme, mais ressemble plutôt à l’exigence de s’en rendre maître.
Garder un jardin secret c’est pouvoir se promener au cœur de soi, comme dans un paysage où tout s’interpelle, et appelle la vérité de l’Etre.
Je lui ai dit que ses chaussures étaient belles. Et c’était vrai. C’était elle qui les avaient créées. Chacune d’elle était comme une petite flamme d’amour visible dans une œuvre d’art. Elle était touchée et dans ses yeux très bleus l’humilité était aussi brillante que ses souliers et témoins, eux aussi, de ces petites flammes qui voyagent entre les êtres.